GTB : outil intelligent ou coquille vide énergétique ? 

Chez Greenta, une phrase revient souvent lors de nos audits ou réunions d’exploitation :
« On a installé une GTB, mais on ne l’utilise pas. »
Parfois même, plus cash :
« On est repassé en manuel. »

Ce constat, loin d’être anecdotique, reflète une situation courante sur le terrain : la Gestion Technique du Bâtiment (GTB) est un formidable outil… mais encore trop souvent mal compris, mal intégré, et sous-exploité.

GTB : un système plein de promesses

Sur le papier, la GTB coche toutes les cases :

  • Centralisation des équipements CVC

  • Supervision des consommations d’énergie

  • Automatisation des scénarios de confort et de sobriété

  • Alerte en cas de dérive

  • Et surtout, promesse d’économies mesurables

Mais dans les faits, de nombreux bâtiments sont aujourd’hui équipés de GTB… dont les données restent dormantes. L’outil est en place, les interfaces sont là, les sondes fonctionnent. Mais personne ne les regarde. Ou pire : personne ne sait quoi en faire.

Pourquoi la GTB est si souvent inefficace ?

Plusieurs raisons se conjuguent — techniques, organisationnelles et humaines — pour expliquer ce paradoxe.

1. Une conception tardive ou superficielle

Dans de nombreux projets, la GTB est ajoutée en fin de parcours, sans réelle concertation entre les lots techniques.
Le résultat ? Des capteurs mal positionnés, des doublons, une ergonomie hasardeuse, et une absence de logique d’usage.

2. Une intégration technique incomplète

Il n’est pas rare que certains équipements (ventilation, PAC, ECS…) ne soient pas intégrés au système, ou que la remontée de données soit partielle. On se retrouve avec des températures sans localisation, ou des alarmes dont personne ne connaît l’origine.

3. Une appropriation insuffisante

Trop souvent, les exploitants ne sont pas formés ou n’ont pas été associés au projet. La GTB devient alors un “outil du bureau d’études” ou du mainteneur… et finit par être ignorée au quotidien.

4. Une absence de pilotage interne

Sans référent identifié, la GTB ne vit pas. Elle ne fait pas l’objet de suivi régulier, de rapport d’analyse, ou de mise à jour des scénarios. Elle devient un écran de plus dans une salle technique déjà saturée.

La GTB n’est pas une solution miracle

Elle est un levier puissant, mais uniquement si elle est pilotée et animée.
Comme un système de navigation dans une voiture : sans conducteur attentif, même la meilleure technologie ne sert à rien.

Dans le cadre du décret BACS (Building Automation & Control Systems), cette problématique devient encore plus centrale. Ce texte impose depuis 2021 l’installation d’un système d’automatisation et de régulation dans les bâtiments tertiaires de plus de 290 kW de puissance CVC.
Une obligation réglementaire… qui n’a de sens que si l’outil est réellement mis au service de la performance énergétique.

La GTB, au cœur de l’Energy Management

La GTB est un maillon fondamental d’une stratégie d’Energy Management efficace.
Elle permet de suivre les indicateurs clés (kWh/m², charges, température, temps de fonctionnement), d’identifier les dérives, de planifier les actions correctives, et d’objectiver les résultats des travaux ou des campagnes de sensibilisation.

C’est aussi un outil précieux pour respecter les exigences du décret tertiaire, en pilotant plus finement les consommations d’énergie et en assurant la traçabilité des actions engagées.

Comment transformer une GTB en outil de performance réelle ?

Voici les leviers que nous recommandons à nos clients pour (re)donner vie à leur GTB :

  • Impliquer les équipes de maintenance et d’exploitation dès la phase de conception

  • Prévoir des sessions de formation récurrentes, adaptées aux usages réels du site

  • Désigner un responsable GTB (interne ou externe) chargé du suivi et de l’animation

  • Mettre en place un protocole de revue mensuelle : dérives, alarmes, anomalies, scénarios

  • Croiser les données avec d’autres sources (factures, audits, comportements) pour interpréter les signaux faibles

En conclusion

Une GTB ne génère pas d’économies par miracle.
Elle offre les outils pour agir intelligemment, à condition d’en faire un vrai sujet d’animation interne.

Trop de bâtiments tertiaires disposent aujourd’hui d’outils puissants… laissés en veille.
Il est temps de sortir du mode passif. D’activer le potentiel. De relier la technique aux usages.

Chez Greenta, nous pensons que la performance énergétique n’est pas qu’une affaire de capteurs.
C’est une affaire de volonté, de pilotage et de cohérence d’ensemble.